lundi 13 décembre 2021

Le Divin ou rien ! #Foi


En ce jour, j'ai l'immense joie de vous partager le second chapitre de mon livre intitulé "Les maladies du Bien". Je sortais à peine de la terrible expérience de la mort d'un être proche qui laissait en arrière de lui toute une famille en deuil... Ma souffrance en fut alors si intense que j'en avais perdu la foi en le Divin qui avait pourtant accompagné mon existence depuis mon plus jeune âge!

"Bonjour, je m’appelle Jacques". C’était de cette manière, tout simplement et comme naturellement, qu’il vint aux devants de moi.

Il n’y avait aucune explication rationnelle quant à l’acceptation d’engager une conversation avec celui-ci plus qu'un autre. Tous ceux qui s'étaient présentés, je les avais envoyés valser. Cette fois, je me laissais approcher. Très rapidement le sujet de prédilection devint ma révolte envers Dieu. Mon esprit débordait de cette rancune muette, vindicative et froide. M’entretenir du Très–Haut ne faisait qu’aggraver la situation. Au sérieux du sujet, Jacques semblait y associer son investissement total et sans concession.

Tel un chercheur d’or, il tamisait l’ensemble de mes réflexions pour en extraire l’infinitésimale quantité de métal précieux restante.Y en avait-il seulement encore? Cette attitude était aussi curieuse que déroutante pour moi qui ne faisait aucun effort afin de demeurer agréable. Discrètement, Jacques pénétrait néanmoins les profondeurs de ma colère. Quelle singulière forme de dévotion que de donner autant de sa personne à un être pareillement indifférent que distant! Je m’engageais là sur une voie dont je ne savais presque rien, persuadé de ma grande force et de mes capacités. Nonobstant, je me retrouvais rapidement malmené face aux aptitudes de mon interlocuteur. Il avait quasi réponse à toutes mes interrogations négatives quant aux vicissitudes présentes ici-bas.

Il mettait à mal la totalité de mes jugements que j'avais jusqu’ici invariablement trouvés si bien fondés. Le mystérieux inconnu faisait preuve d’un optimisme à toute épreuve. Il gardait indéfiniment un regard positif sur les horreurs de cette terre et de ceux qui s’y affairaient.

Cet orpailleur de l’esprit était ni plus ni moins en train de vanner ma haineuse sédition. Jacques incarnait le parfait pendant à ma subite véhémence contre le Divin. Sa foi demeurait, sans équivoque possible, indéfectible. Là où les maladies classiques s’attaquaient aux défenses immunitaires, les siennes semblaient assaillir l’ensemble de mes fortifications égotiques.

Elles étaient pourtant aussi suffisantes que fières d’elles-mêmes. Incroyablement, je prêtais bien plus de résistance à ses beaux assauts que je n’en aurais trouvé à observer mes propres virus d’autosatisfaction! J'aurais sans doute aimé me rendre -inconsciemment- à l’évidence. Pouvoir me livrer sans condition préalable et déposer, séance tenante, l’ensemble de mes armes.

Au lieu de cela, je me décidais à tout tenter afin d’avoir le dernier mot. Je mettrai en œuvre la totalité de ma mauvaise foi pour contrer l’attaquant. Je trouverai dès lors de «bonnes excuses». Me persuaderai encore et toujours que le difficile parcours de mon enfance m’exemptait de certains devoirs. J'en avais suffisamment soupé de mauvaises expériences dans ma courte vie! À mes yeux, elles me donnaient ce droit impérieux d’être celui que j'étais devenu. Après avoir surmonté tant d’épreuves infantiles, je me sentais fort tout autant qu'altier. J'étais au-dessus du lot!

Mes capacités, je les avais conquises à la sueur de mon front et ne devais surtout pas rougir des privilèges que cela me donnait. J'allais les défendre coûte que coûte. Après tout, que chacun profite de ses droits selon ce qu’il lui est dû, me disais-je. Qui pourrait mieux savoir que moi ce que j'avais traversé pour en arriver là? Qui serait en mesure de venir me dire où j'en étais et ce que je méritais? Serait-ce cet inconnu sorti de nulle part? Ce Jacques, avec ses belles sentences moralisatrices et son questionnement quasi infini? D'où remettait-il en cause mes solides fondations?

Je ferai valoir l’intégralité de mes acquis et ce de toutes mes forces, j'empêcherai l’assaillant de s’immiscer dans mes défenses internes. Non et non! Je ne lui devais absolument rien et ne voyais vraiment pas pourquoi j'aurais dû me rendre à cet individu. Jacques ne semblait toutefois pas l'entendre de cette oreille. Peut-être même considérait-il comme une mission que d’entrer de plein fouet dans le gras ventripotent de mes pensées égoïstes?

M’interpeller de l’intérieur et sans relâche, ne laisser aucun recoin où me dissimuler, paraissait être sa priorité. Toute forme de répit aurait pu me consentir le loisir de cacher des zones d’ombres restées inaccessibles. Cela même, il n’y consentait apparemment pas!

Pourquoi avais-je ce sentiment de ne pouvoir m’échapper? D’être tellement mis à nu que mon «soi» en était livré. Aucune de mes mauvaises fois répétées ne tenait devant son questionnement aussi aiguisé qu’une fine lame de rasoir. Son argumentaire se révélait illuminé de droiture. Comment était-ce seulement possible? En à peine quelques tours tardifs de caserne, il avait imprégné mon esprit de toute part. Il me mettait dans l’impossibilité d’ignorer ce que cela était en train de bouleverser en moi. Quand bien même j'estimais donner le change en m’efforçant de rester de marbre, à l’intérieur tout était sans dessus-dessous.

Je subodorais même combien Jacques voyait limpidement au travers de ma prétendue muraille. Malgré mon apparence sereine et calme, rien n’y faisait. Me maintenir à flots ce faisait pourtant au prix de tant d’efforts! L’amour propre, si l’on peut l’appeler ainsi, me poussait à continuer de croire que j'allais reprendre la main. Que diable! Lui tenir tête était devenu totalement indispensable, surtout vital, afin de préserver mes intérêts. Pourquoi tout abandonner là, comme ça, pour rien et sur le champ?

Je traversais une tourmente ô combien difficile avec la perte de mon grand père tant aimé. Je m’étais déjà tellement battu pour rester à la surface, ne pas sombrer et il me faudrait céder inconditionnellement ce bel édifice! Rien ne devait laisser suinter, qu’il puisse même s’agir d’une hypothétique autosatisfaction, d’une fierté mal placée ou d’un léger sentiment de supériorité.

Non! Je ne consentais pas à céder ne serait-ce qu’un petit bout de ce terrain que j'avais si chèrement gagné. Je pouvais bien me résoudre à l’écouter, à entendre ses arguments mais j'allais assurément me défendre et livrer inventaire de tout ce que j'avais affronté de par le passé. C’était une magnifique lutte d’arrache-pied qui m’avait conduit jusqu’ici et j'étais persuadé d’être un jeune homme particulièrement brillant. «Pas question de brader ma maison «Moi» ni d’offrir une partie de ce jardin si bien clôturé tout autour» me murmurais-je secrètement.

Je resterai aussi agréable que possible, et même courtois, face à ce cambrioleur spirituel. Pour autant, je ne le laisserai assurément pas sucer ma substantifique moelle. Je venais de réussir à balayer la terreur inattendue que Jacques avait semé dans mon for intérieur.

J'identifiais clairement les menaces que cette attaque virale faisait peser sur moi. J'en avais même analysé chaque donnée. Verdict clair et sans appel. Je n’avais plus rien à craindre dès lors! Après tout, il ne s’agissait pas d’une guerre ou d’un combat mais simplement de partager des avis différents, d’éventuellement aller jusqu’à la confrontation d’arguments contradictoires. Retourné au calme et à la solitude de mon lit, j'étais toutefois assailli par des légions de questions.

Pourquoi réagissais-je intérieurement comme si Jacques m’avait violemment pris à parti? Pourquoi m'accrochais-je à ce sentiment d’avoir été presque bafoué voire humilié?

Je me devais d’y réfléchir en profondeur et de tenter de comprendre pourquoi je m’étais senti si méchamment bousculé? Était-il si légitime de me retrancher et de défendre mes positions avec tant de véhémence? Tant d’expressions guerrières ne pouvaient-elles vraiment dissimuler qu’un simple sentiment de gêne? Et si cela cachait vraiment quelque chose de bien plus insidieux et que je ne voulais pas m’avouer à moi-même? Peut-être percevais-je Jacques tel un chevalier prêt à me désarçonner?

La nuit porterait conseil… Je l'avais laissée faire son œuvre. Il en fut vraiment ainsi et bien au-delà de ce que j'aurais pu redouter. Le royaume des rêves restait, quoi qu’il arrive, celui de l’inconscient. Là, il pouvait y produire tout ce que bon lui semblait. Le bougre ne s’en priva pas et livra une nuitée de fantasmagories détestables. Des songes balafrés de scènes pornographiques orgiaques des plus repoussantes m’avaient possédé. Réveillé de bon matin, je m’étais complètement recroquevillé. Très étrangement, j'avais repris les forces nécessaires pour contre-carrer Jacques!

Plus question de le laisser s’immiscer dans mes lignes arrières et, rapidement, lui prouver qu’il ne m’avait pas impacté. Je voulais me montrer intact car fort et sûr de mon fait. Néanmoins, au secret de mon cœur, je m'en trouvais non seulement terriblement touché mais surtout en plein dans le mille. Me l’avouer était devenu une nécessité qui seule permettrait de ne pas perdre la face. Il me fallait impérativement identifier au plus vite la vilaine blessure à panser. En étais-je vraiment capable? Cette dangereuse fêlure traduisait-elle une réalité cachée? Laquelle? Pourquoi? Comment avais-je pu me la dissimuler depuis si longtemps? Profondément bousculé et chamboulé, j'acceptais, ou plutôt me sentais obligé, de me remettre en question. Aussi implacables et impeccables que puissent paraître mes raisonnements et démonstrations, Jacques en avait toutefois eu raison. Cela semblait n’être qu’une plongée aisée jusque dans mes citadelles intimes.

Le reste (incommensurable reste) d’orgueil et de fiertés mal placés qu'il me restait devait alors se concentrer à donner le change. La quantité de bêtises accumulées durant tant d’années devrait bien suffire à me faire tenir les quelques jours restants des classes. Avec un peu de chance et de malices, j'en demeurais certain, je tiendrais le coup. De retour vers Jacques, j'allais faire front tout en admettant au plus profond de moi combien je me savais touché.

Impassible, comme sûr de son fait, Jacques ne concédait rien aux démonstrations égoïstes que je croyais pourtant si bien travesties. J'avais cependant mis là tous mes meilleurs soins pour qu’elles ne puissent être démasquées! L'air fumé des doux parfums de fleurs de lilas frémissait à mes narines. Il marquait surtout la clôture d’un nouveau tour de caserne m’ayant d'avantage mis à mal! Tel un véritable péripatéticien, j'en apprenais tant et plus sur mon propre compte à chaque circonvolution. Mon égoïsme s’effritait peu à peu là où Jacques avait davantage démonté, l’air de rien, un pan de mon illusoire forteresse. Ma propre suffisance me sautait aux yeux, sans échappatoire possible, me laissant face à moi-même. Je pouvais ainsi me voir, et comme jamais, tel que j'étais!

Avec une sérénité certaine, Jacques avait l’art singulier de continuer à démanteler mes arguments fallacieux. Il me montrait ce que je pensais, avec certitude, être le seul à savoir me concernant. Mon égocentrisme était en totale liquéfaction et me laissait dans l’incapacité de m’énerver. Il m'avait rendu prisonnier de mon propre jeu: prise de conscience soudaine de ces années gâchées et passées à construire un édifice sans fondement et complètement bancal.

«Cette frêle construction: c’est moi!» m’avouais-je assez péniblement. Un petit «Je» tout étriqué et rabougri se contemplant si majestueux et beau. Voilà... Le château for(t) est en flammes! Pont levis abaissé et chaque petit soldat de mes cellules tentait de fuir. Les traîtres… Ils souhaitaient se rendre sans résistance aucune. Mon grandiloquent général «Moi» s’acharnait alors à organiser une ultime contre-attaque. Et ce, quand bien même la cause de l’envahisseur paraissait complètement entendue.

«Maître, ceci est l’œuvre d’un sauveur contre lequel il ne reste rien à faire» hurlait ma vulnérable petite armée! En ridicule despote des lieux, j'ordonnais la fermeture immédiate de la grande porte. Je me tenais droit devant, en rêvant soudainement et surtout très secrètement, de voir ma forteresse se transformer en monastère. Les combattants y deviendraient moines déclamant tous:

«Écoute Jacques, car c’est ton vrai Moi qu’il te fait voir et entendre pour la première fois».

En guise de réponse, je menaçais de les fusiller pour haute trahison. J'organisais la contre-offensive immédiate ainsi qu'une tentative de déstabilisation de l’adversaire… Mon bon Jacques, tu la recevais encore et toujours sans colère ni signe d’agacement. Tout juste la démontais-tu avec une facilité totalement déconcertante. Absolument battu à plates coutures, je ne pouvais plus trouver refuge nulle part afin de cacher mon démesurant faux amour de moi-même. Tout devenait aussi limpide que de l’eau de roche. Il ne subsistait alors que deux solutions. Soit nier en bloc dans une mauvaise foi infinie afin de prendre la fuite lâchement. Soit, tout justement, admettre et ne plus rien me cacher à moi-même, ni à toi qui avait réussi à provoquer ce fantastique séisme!

Je pouvais là, finalement, m’ouvrir à quelque chose de totalement nouveau et de radicalement inconnu. Immédiatement, la peur reprit le dessus au détriment de la sage reddition. J'allais échafauder une troisième voie. Elle était probablement désespérée mais je m’entichais à continuer d’alimenter cet illusoire combat.

Je restais prisonnier de mon jusqu’auboutisme.

Il me fallait infiniment jouer de l'ensemble des subterfuges possibles et imaginables afin de ne pas capituler. Tout était bon afin de résister encore un peu et ce dans le seul espoir de trouver, enfin, une faille dans la lumineuse armure de Jacques. Pourtant, de faille je n’en débusquais point! Arrivé au sommet de mon art mensonger, tu n’eus d’autre solution que de me mettre face à mes turpitudes internes et de m’imposer un choix sans concession. Il était temps de rendre les armes ou de m’enfuir.

Mon éclaireur de conscience ne me laisserait plus lui tendre d’inutiles et futiles pièges. Déjà presque un mois que tu faisais preuve de patience et de magnanimité à mon égard pour ne plus avoir à en faire d’avantage.

Tu avais assurément compris combien j'étais prêt à prolonger ce vilain jeu indéfiniment. Se tenait là mon unique solution afin de ne pas prendre la bonne décision: celle de tout reconnaître et d’engager un changement réel et sans détour. Je tenterais évidemment de t’amener insidieusement sur quelques pentes savonneuses, l’air de rien.

Tu ne t’y laisserais point prendre, évidemment. Tu attendais bien d'avantage qu’une réponse… Un engagement! À compter de cet instant, ce serait le silence ou la reconnaissance: celle de laisser re-rentrer le Divin dans mon existence. Rien de moins!

Tes paroles avaient dérouillé en moi des rouages si grippés que je n’en connaissais pas même l’existence. L’huile bénite de tes arguments avait pénétré en profondeur la mécanique égotique qui m’animait depuis si longtemps. Maintenant le travail de lubrification bien engagé, je savais les temps pliés et révolus. Les belles fortifications n’étaient plus qu’illusions. S’engageait le combat duel d’un vieux Moi renfrogné se refusant sans cesse à toute réforme. Qu’allais-je faire de cette belle recherche de la virginale nouveauté? Mon Dieu que le poids de mon quotidien était soudainement devenu lourd!

Mes pesants travers avaient fini par réussir à passer pour du confort là où ils forçaient un déploiement d’énormes subterfuges et de mensonges. C’était pourtant ma seule voie possible au fallacieux travestissement de moi-même. L’onction avait été si puissante qu’elle en arrivait à s’attaquer à mon inconscient.

Dans le tréfonds de mes songes vint s’immiscer ton action. Elle provoquait des nuits particulièrement agitées au creux du dilemme de ma nécessaire capitulation. En me réveillant, il n’était nul besoin d’être psychanalyste pour comprendre que la lutte venait en droite ligne du choc des mots reçus. Cette gangrène bénéfique m’avait finalement gagné en conquérant l’ensemble de mon être. Je ne voulais plus d’une de ses journées supplémentaires à tout faire pour donner le change. Dans chacun des déguisements altruistes de mes phrases, tu avais ponctué ta venimeuse bonté....

Les maladies du Bien!

Pour moi, il était grand temps d’y faire succomber la totalité de mes vieux habits. «Allez Yan, allume donc le bûcher expiatoire!» La prise de conscience devenait soudainement aussi fulgurante qu’inéluctable. À bien y réfléchir, c’était un véritable honneur que tu m'avais rendu là. En venant à ma rencontre, tu avais pris le temps de m’écouter, de me parler et de me comprendre. Dès lors, tu faisais offrande de la plus lumineuse chance qu’on ne m'ait jamais donnée: me transformer de l’intérieur pour ne plus seulement paraître mais Être!

Si adversaire il y avait, ceux de mon ego, de ma suffisance et de mon autosatisfaction figuraient en tête de liste. Le seul et véritable adversaire, c’était moi-même et personne d’autre… Absolument personne d’autre.

J'avais été, et demeurais depuis tant d’années, mon propre belligérant! Celui qui faisait entrave aux possibilités d’être vrai, de tendre au juste et bon, de rechercher l’harmonie interne et externe, c’était moi… Moi seul! 

Les fées de SERRE
Toi, que j'aurais pu si aisément et idéalement désigner comme mon pire ennemi te présentait, et je le savais mieux que quiconque, tel le plus merveilleux des amis. Personne n’avait su, auparavant, me consacrer ce temps nécessaire, cette énergie, cette patience avec autant de compréhension et de gentillesse. Maintenant, ta seule exigence appelait un brin d’attention et de reconnaissance. Jusqu’ici, tu avais donné sans rien exiger en retour. À ce jour, je n’étais toutefois toujours pas allé te retrouver. Durant les quarante-huit heures qui suivirent, nous n’échangions plus une parole. Je comprenais que si je souhaitais reprendre les échanges, il me faudrait d’abord faire preuve d’humilité.

Il fallait m’engager à jeter au feu les vieux fantômes qui tenaillaient mon corps et mon âme. Tout tenait dans un aussi destructeur que minuscule mot: vanité! Durant ces deux longues journées, je me postais à l’écart de tous, ne conversant avec personne. Je n’en entendais pas moins intérieurement ta voix et tes arguments. Je n’échappais pas plus à la tendre et aimante détermination de ton regard posé sur moi.

Tu avais clairement allumé quelque chose que je ne savais pas éteindre ni même ne pouvais. Aurait-il seulement fallu que je le veuille tellement, en y songeant avec sincérité, je savais combien cette lumière était salvatrice. Tu restais le seul à avoir su repousser aussi loin ce dont j'aurais dû avoir honte depuis si longtemps.

Qui sait si tu ne saurais vraiment m’aider à brûler mes vilaines tendances égotiques? Comment mes persistantes capacités à me mentir à moi-même et à me trouver de permanentes excuses avaient pu conduire à une telle suffisance? Il ne fallait pas refuser cette perche généreusement tendue et surtout point d’une main aussi serviable. Combien d’occasions aurais-je de me reconnaître tel que j'étais vraiment? Cela se reproduirait-il seulement un jour? Non, c’était probablement la plus éclairante chance de toute ma vie.

La refuser, ou pire la nier, demeurait l’ultime risque de ne jamais y arriver. Je me devais impérativement d’accepter, d’aller au-devant de mes propres peurs et d’enfin changer afin d’Être pleinement. La sagesse qui émanait de toi, et d’une certaine façon les soins que tu m'avais déjà prodigués, me transperçaient.

Mon empêchement devenait total. Dès lors, je ne devais plus reculer. Comment pouvais-je encore continuer de lutter, d’avoir cette mauvaise foi infinie? Ceci me desservait plus que quiconque au monde. Il était vraiment temps d’arrêter ces résistances imbéciles et de briser ma stupide surdité volontaire.

En une poignée de jours, tu avais su mettre le doigt pile sur mes endroits les plus délicats et douloureux. Tu avais fait éclater ma suffisance, mon égoïsme et mon sentiment de supériorité qui n’avaient, et je m’en rendais cruellement compte, aucune raison d’exister.

J'allais finalement capituler et me rendre sans condition préalable… Reconnaître ma défaite.

À y regarder d’un peu plus près, il ne s’agissait vraiment pas d’une déroute. Cela s’avérait être une fantastique réussite! Reconnaître mes défauts, te remercier (secrètement) toi qui les avait fait exploser en plein vol. Ne pas m’être lâchement enfui en te traitant de tous les noms, s'apparentait à une victoire. Quelle magnifique et triomphale défaite que celle-là!

J'étais évidemment encore si orgueilleux pour rendre grâce ouvertement. Discerner mes défauts n’était pas la même chose que de les voir s’évaporer… Loin s’en fallait! Néanmoins, le pas fatidique était franchi et la décision finalement prise. J'allais renouer le dialogue et la relation, avouer mes faiblesses et être maintenant autant à l’écoute que possible. Terminées les belles postures afin de me camoufler.

«Oui, tu as raison depuis le début et je le professe. J’accueille dés lors et à nouveau le Divin en mon sein et continuons sur cette voie si tu le veux bien». Ouf! C’était fait et j'avais fini par, du bout des lèvres et en service minimum, me livrer à toi. Étonnamment, ce n’était rien. Aucun sentiment de faiblesse ou de honte ne vint hanter mon intériorité et je me sentais, en cet instant précis, en paix avec moi-même. Prêt à tenter un nouveau départ. Tu reçus mes aveux avec simplicité et gentillesse. Rien sur ton visage ne laissa supposer un quelconque sentiment de domination ou d’orgueil. Bien au contraire, tu m'offris un large et sincère sourire. Cela en disait tellement long sur ta joie de me voir me ranger à tes côtés. J'étais aussi heureux que toi d’avoir pu admettre un tel passif en si peu de temps. Je croyais de tout mon cœur en mes chances de m’amender. Un sincère chemin venait de s’ouvrir au changement en profondeur. Un bon-heur quasi instantané m'envahit à l’idée de reprendre nos tours de caserne à l'approche du couchant. Cette fois, j'avais la très ferme intention de ne plus être «contre» mais bien «avec». De ne point lutter pour me cacher (vainement) mais d'éviter d'échafauder des plans dérisoires à contrer d'hypothétiques attaques qui n’en étaient pas. Enfin, et surtout, d’arrêter de me mentir à moi-même en permanence.

Quelle simple joie… Dès lors, nous partions cheminer tous deux, j'écoutais sincèrement sans déjà être en train de préparer mes phrases, tentant d’avoir le dernier mot. J'allais pouvoir poser les questions auxquelles je m’étais jusqu’ici refusé de peur que tu y perces mes failles et mes peurs. Tout paraissait d’un seul coup simplissime. Suffisait-il donc de reconnaître ses torts et ses erreurs pour les voir s’envoler? Le banal fait de vouloir changer semblait suffire à voir cela comme une affaire déjà entendue! Si j'avais seulement su que c’était aussi aisé, alors je l’eus fait depuis si longtemps! Comme libéré de ma propre emprise, je me sentais pousser des ailes.

Rien ne semblait plus facile que de tout reprendre à zéro. Envolé l’égocentrisme, disparu l’orgueil, anéantie la suffisance ou l’intolérance. Cheminant d'un même pas, écoutant et prenant bonne note tout en jouissant de l’air embaumé de la fragrance des lilas… Je savourais l'idyllique situation. Je re-vivais et n’avais jamais été si heureux de m’être autant trompé, tant débattu pour finalement en arriver là.

Les jours qui suivirent furent tout bonnement fantastiques. Comme teintés d’un sentiment permanent d’aisance et de facilité, proche d’une impression d’invincibilité. J'allais bouter hors de moi ce qu’il y avait de négatif et quand bien même la tâche semblait immense, elle était à ma portée. Je ressentais une belle sensation d'accomplissement.

La sincérité de ma quête avait, apparemment, suffi pour venir à bout de l’ensemble de mes démons. Je me surprenais en écoute, plus ouvert que jamais et à même de résoudre tous problèmes venants. S’ils s’en présentaient, alors je n’aurais qu’à les écarter d’un simple et humble revers de la main. Rien ne pourrait résister à la nouvelle et immaculée loyauté de mon cœur. J'avais gagné en ouverture d’esprit, en humanité, en tolérance. Tout au moins m’en persuadais-je... Et pourtant! Au sein de la caserne s’était constitué un petit groupe de fervents amateurs des idées d’extrême droite. Une soirée, il suffit que je les aperçoive, d’ailleurs en train d’invectiver deux autres jeunes, pour les dénigrer et vertement les critiquer. Tu pourrais ainsi voir combien j'avais déjà progressé contre la haine et le mépris me disais-je. Cependant, ta réaction fut aussi surprenante qu’inattendue.

«Qu’ont-ils de si différent de toi et à quel titre peux-tu les condamner?» me demandas-tu. J’étais totalement pris de cours et restais muet. "Voilà une preuve supplémentaire de son incroyable tolérance songeais-je intérieurement." Tout de même, je ne pouvais me résoudre à penser que sa réaction fut juste! Sans doute eut-il fallu que je demande le pourquoi du comment mais je n'en fis rien. Le vendredi soir qui suivit, je rentrais chez mon père, sourire aux lèvres et enthousiasme (candide?) à bloc. Des dizaines de questions me venaient à l’esprit et je brûlais d’impatience de pouvoir te les poser. Il fallait néanmoins attendre les retrouvailles du dimanche soir! Qui aurait seulement pu imaginer que je puisse, ne serait-ce qu’un instant, vouloir me précipiter vers une caserne militaire? Persuadé que j'avais d’ores et déjà résolu tous mes problèmes personnels, mon questionnement central se condensait au creux d'une unique interrogation: Comment être certain que l’on fait le Bien?

Harnaché de cette certitude que mes travers n’étaient plus que de vieux souvenirs, je pensais pouvoir me concentrer dès maintenant sur la question essentielle du Bien. Cette journée dominicale sembla interminable... Combien je fus heureux d’apercevoir ton visage empli de gentillesse et d’humilité en ce bout de quai!

La semaine qui s’en suivit, tu ne répondis pas tant à mes interrogations que tu me les renvoyais formulées de façons différentes. Comment avais-je pu seulement oublier cette fameuse technique de la maïeutique? Tu la maîtrisais infiniment mieux que moi qui pouvais m’enorgueillir d’avoir fait des études de philosophie. J'étais absolument incapable d’utiliser cet art dont tu ne connaissais peut-être pas même le nom mais que tu utilisais pourtant à la perfection! Une magistrale instruction supplémentaire pour l’arrogant que j'étais encore. Je retournais une fois de plus à mes leçons sans pour autant me sentir vexé le moins du monde. Je pris conscience que pour l’éradication de mes défauts, il demeurait plus de travail restant que je ne l’avais imaginé. Quant à toi, Jacques, tu savais rester simple et naturel en toute circonstance.

La simplicité nouvelle du bon vouloir m'avait, tout de même, transcendé et comme métamorphosé. Quel état de grâce! Ces huit semaines de classes préparatoires écoulées m'avaient assurément fait bien plus progresser que ces huit dernières années d’études philosophiques. Je me rendais à l’évidence que j'avais acquis des connaissances qui ne servaient finalement pas à grand-chose. Elles m'avaient surtout permis de m’autoriser un surplus d’orgueil et de vanité. Dur mais réel constat que celui-là! «Intellectuel n’est pas toujours synonyme d’intelligence» découvrais-je.

Les classes touchaient donc à leur fin et je priais maintenant pour bénéficier d’une affectation auprès de mon précieux ami. Cela aurait été absolument jubilatoire qu’il puisse m’aider à progresser au quotidien. Mais aussi à me relever si, par erreur, je venais à trébucher. Bien évidemment, il n'en fut rien! Nous allions néanmoins rester tous deux sur la capitale… N’était-ce déjà pas une chance? Très rapidement, je dus me rendre à l’évidence combien j'étais devenu totalement dépendant de toi. Je ressentais nécessairement une belle admiration à ton égard, tout aussi probablement qu’une forme d’amour!

J'avais ce curieux sentiment que si tu me comprenais si bien, c’était justement parce que tu étais sans doute passé par ces mêmes stades évolutifs. À l’actif de cet épisode, j'avais recouvré la foi en Dieu après l’avoir furtivement mais si intensément perdue! Le bilan était simple: j’avais consenti à remettre ce que j'étais en question. Engager le bel ouvrage s’imposait telle une priorité; mais surtout, j’avais fait la rencontre de quelqu’un d’exceptionnel. L’aventure ne faisait sans doute que commencer et il semblait évident que nous allions la poursuivre. L’heure de la séparation ayant sonné, je prenais un nouveau départ... Seul. Nous aurions l’occasion de nous voir ponctuellement, bien que ton affectation serait bien plus prenante que la mienne." Les maladies du Bien.

Pour aller encore plus loin, je vous propose de visionner cette vidéo: Le Divin ou rien.

Portez vous bien en tous temps et en tous lieux.

Yan. 

https://www.le-couple-alchimique.com/

#Dieu #Foi #Divin #Collapsologie #Christ #Maître #Amour
 

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