"Depuis de trop nombreuses années je me
rabâchais l’exigence de vivre enfin dans l’ici et
maintenant ! Il fallait arrêter de construire cela
hypothétiquement pour enfin l'expérimenter. Je
découvrais qu'au creux de chaque jour l'on se
construisait. Y avait-il donc un handicap
invisible qui bloquait à cela? J'apprenais et
réapprenais sans cesse à mieux respirer,
regarder, écouter, contempler les offrandes
quotidiennes et pourtant… Comment pouvais-je
nourrir pleinement mon expérience d'incarnation
sans en devenir l’esclave? Ce passage terrestre,
je me refusais à le considérer comme une prison
et un lot de souffrances. Cette parenthèse à
l'Ordre cosmique, cet épisode se devait,
nécessairement, d’avoir une belle utilité, mais
laquelle? Expérimenter, se perfectionner,
concourir au détachement, tout cela apparaissait
telle une évidence. Se détacher : Oui ! Mais de
quoi et comment restait un questionnement
central. L'infini, la bonté et la sagesse n’étaient
probablement qu’une seule et unique chose.
Retourner à l’au-delà, ne re-faire à nouveau
qu’Un... Probablement, mais enrichi de quoi?
Qu’avait donc pu signifier le Christ lors de son
ultime souper lorsqu’Il rompit le pain et
annonça : «Prenez car ceci est mon corps et
mangez en tous» sinon qu’Il serait bientôt parmi
les particules, les pollens et les graines de la
Terre? De cette chair surgirait prochainement
des blés produisant notre pain quotidien.
Percevais-je bien le message? Était-ce de
participer en dernier recours au Tout plus que
jamais? De cette compréhension pouvait naître
un enseignement: celui de l’apaisement et de la
tranquillité de l’esprit. Dans cette quête, la
corporéité servait peut-être à vivre de la
jouissance des sens. Chaque jour, chaque
instant, graduellement, il fallait accepter son
retour prochain vers l’Immensité. Surtout se
libérer des peurs et autres craintes en sachant
que le beau et imposant renvoi, inéluctablement,
s’amorçait! Il faudrait se savoir, se sentir, dans
la bonne direction emplissant l’esprit d’humilité
et de partages, en se sentant néanmoins toujours
proche de la grande trouée. Et puis, pourquoi ne
pas voir la vieillesse tel un temps consacré au
développement spirituel en lieu et place d'une
terrible affliction? «Je ne suis que poussières»
disait Moïse. Poussières de cendres, de sables,
d’étoiles ou de mer mais dispersées aux quatre
vents des quatre points cardinaux. Aller s'oublier
dans l’éternité sans durée et sans temps...
Néanmoins, ici-bas, impossible de faire corps
sans corps! Je n'attendrai plus de miracles qui
ne seraient pas exaucés mais, simplement,
j'apprendrais à écouter et à contempler tout ce
qui m'entourait et s’avérait être Le véritable
miracle en soi! Pourquoi sans cesse me mettais-je en
quête d’extraordinaire, et qui plus est
immatériel, là même où le fantastique du règne
créatif s’offrait à tous dans chaque instant.
L’existence s'imposait alors naturellement
comme la plus belle des églises! Un lever de
soleil en icône, un arbre ou une source en statue.
Et si les religions avaient été une imposture, une
falsification? L'authentique ne tenait-il pas dans
l'apprentissage de ce que l'on Est et pourquoi
l'on Est? (L'on naît)
Même au bout de l'ultime dépiautage
biologique de nos corps, en les analysant de
façon purement organique, il restait néanmoins
cette incroyable capacité à la chair de produire
pensée et spiritualité. À l’heure de tous les
progrès de la science, il devenait flagrant que la
contemplation de la Nature s’effaçait. Que
restait-il des connaissances ancestrales qui
l’avaient si bien intégrée? Pourtant, le
décorticage scientifique et microscopique de
l’univers montrait de lui-même toute la
religiosité. Des miracles et des cathédrales
pullulants de saintetés et de reliques d’un
immémorial passé s’offraient aux appareils. De
découvertes, il n’y en avait point! Seulement
des confirmations de connaissances presque
oubliées ou refoulées. Malgré les incroyables
prouesses de la modernité épluchant, étape par
étape, l’ensemble des stades de la Création, il
persistait invariablement cet inexplicable
résultat. De l’énergie, des pensées, du spirituel
s’entrechoquant et s’entrelaçant au sein d’une
même Entité. Que dire des milliards de
connexions «synaptiales» qui se produisaient à
chaque seconde, restées abstraites ou donnant
lieu à des paroles et des actes? Étaient-elles
vouées à éternellement se confronter ou à
finalement communier? Ceci m'apparaissait
soudainement comme une immense soupe
planétaire s’éparpillant en toutes directions. Je
me faisais nécessité de ré-apprendre à goûter la
joie de marcher, regarder, aimer, entendre ou
écouter… Mais en toute conscience et en tout
amour des choses pour ce qu'elles sont! A
l'aune de la candeur de ces dons perpétuels. Cela
semblait si aisé et pourtant! Derniers arrivés
nous étions, tels les ultimes invités à un festin
prêt à s'offrir. Tout, ici, mit sous nos mains et
nos yeux. L'Univers autour de nous, au travers
de nous et en nous... Nous sommes cet univers!
Et pourtant, nous foulerions du pied cette même
Énergie qui nous aurait offert cela avec amour?!
Nous pourrions détruire ce plus sublime des
cadeaux offert sans condition et en parfaite
gratitude? Pour autant, je n'étais pas en train de
me construire une version idyllique de notre
planète et restais conscient de l’existence de la
souffrance. Seulement, je me tenais prêt à me
tourner indéfiniment vers la bonté et l’envie de
contemplation. L'ensemble des libertés
résidaient tout à coup dans cette merveilleuse
possibilité de choisir le meilleur. La simplicité
se livrait sans fin et à chaque instant. Une
puissance des hauteurs s'offrait tel le plus
succulent des fruits... Prêt à être cueilli. Il n’y
avait point de condition préalable, de matériel
spécial requis. Ceci demeurait tout bonnement
en présence et à portée de nos mains. «Demande
et l’on te donnera, frappe et l’on t’ouvrira». Au
creux de cette révélation, il n’existait aucun
orphelin ou déshérité de la volonté. Nous
devenions tous des champions olympiques du
bon vouloir. Il suffisait de s’octroyer la chance
bénite de connaître le meilleur de nous-même et
il se présenterait. Le cœur de l’Homme se devait
d’être sondé afin de faire remonter en surface sa
fantastique capacité compassionnelle. Nul ne
pouvait en être démuni quand tout un chacun, ne
serait-ce qu’une fraction de seconde, avait connu
la plénitude de cette joie parfaite. Qui
s'abstiendrait de revivre un tel moment et de le
prolonger à jamais? Se divulguait là le parcours
d’une vie: dans chaque journée se révélait le
secret de ma présence ici. Cette expérience
devenait aussi intense que nécessaire.
Cependant, s'en délecter en une seule et unique
rasade paraissait impossible! Un nectar si
démesuré, si dense, si fort… Les strates
inconscientes trop subitement libérées
m’auraient probablement submergé. Faudrait-il
se résoudre à tout distiller au compte-goutte du
quotidien? Patience et longueur de temps que
celle d’une existence à apprendre et connaître."
Yan.
Chapitre 22 de "Les maladies du Bien"
(disponible sur demande)
Pour aller plus loin retrouvez-moi dans cette vidéo
(le son n'est pas top, désolé!)
Merci pour votre intérêt!
https://www.le-couple-alchimique.com/
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