Cette semaine, dans cet article écrit à deux plumes, nous souhaitons vous partager notre point de vue sur ce qui est communément appelé «La nuit noire de l’âme».
Nous allons donc partir de notre propre expérience et de nos ressentis pour éclairer cette notion à la Lumière de notre état de conscience actuel.
La chute comme électrochoc à un réveil possible
Yan : Pour ma part, j’ai presque toujours pensé que pour découvrir qui l’on est vraiment, il fallait savoir toucher ses propres limites intérieures et extérieures. C’est donc à l’aulne de mes quarante ans, alors que j’étais rendu au bout d’un chemin à la logique destructive, tout autant humainement, professionnellement mais surtout sentimentalement, qu’il me fallait nécessairement transmuter cela sous peine de sombrer corps et âme…. Mes relations d’avec la mère de mes enfants étaient devenues si anxiogènes que je me tenais sans cesse au bord d’un gouffre dépressionnaire ! Elle avait bon rôle de me rappeler qu’elle ne m’avait jamais demandé de «croire en ses promesses» et je sentais que tout ne pourrait qu’aller de mal en pis… Dès lors, il fallait ici et maintenant sabrer la corde au bout de laquelle j’allais finir par risquer de me pendre… J’avais le sentiment d’être rendu à un moment clé de mon existence tels ces temps où l’on se sent parfois absolument perdu, comme au bout du rouleau. Des temps où l’on a fait ses choix en conscience mais finalement emplis d’inconscience… Des temps qui vous déposent au fond d’une impasse d’où l’on ne peut sortir que les pieds devant ou par le dépassement complet de soi !
Sonnait donc, après de nombreuses années de recherches sur le sens de la vie et le pourquoi de ma présence ici-bas, l’heure d’une introspection sans concession aucune. Je me décidais à partir seul et en très haute montagne pour une contrée propice au recueillement radical et libre de toute forme de distraction ! Ces lieux absolument reculés que sont le Haut Himalaya en hiver sauraient, sans faille, remettre en question mes errements passés. Mon jeu de questionnements avait ainsi fini par porter un fruit mature mais aussi au goût particulièrement amer ! Je m’interrogeais donc de la sorte: «Mon existence pouvait-elle se résumer à mon travail, mes possessions ou autres désirs de pouvoir ? Mais surtout à mon terrible échec et ma désespérance sentimentale ?» Je préparais donc mon sac à dos afin de m’arracher d’un quotidien devenu totalement anxiogène… J’avais enfin décidé de partir à la découverte de soi… Peut-être même du Soi.
Se relever et en sortir grandi
Ce périple esseulé et coupé du monde allait m’offrir une voie d’entrée plus radicale que jamais à mes expériences introspectives. Grâce à ce périple en solitaire, j’étais sur le point de découvrir combien l’on peut grandir, avancer et évoluer au-delà de toute attente. Combien cet apprentissage viendrait réveiller mes forces intérieures. Les seules capables de me trans-porter au-delà de l’impasse où mes choix m’avaient rugueusement déposé. C’était ce dépassement de soi, aussi bien physique que moral, qui pouvait libérer les possibles semences à ma sérénité et à ma plénitude tant intérieures qu’extérieures… Découvrir le silence absolu, me connecter aux forces démesurées de la Nature, expérimenter la solitude et me regarder face à face sans échappatoire faisaient éminemment partie du programme… J’allais y trouver la force de concentrer toute mon énergie à ma propre réalisation. En premier lieu, je devrais apprendre à me pardonner mes égarements passés, à m’aimer moi-même -seul sentier possible à l’amour des Autres- à ouvrir la lumineuse voie à un possible couple conscient et tellement d’autres choses encore…
Sortir de son statut de victime et transcender la souffrance
Bien que cette aventure très haut perchée eut des allures de rite initiatique, elle ne m’épargnait en rien la nécessité de descendre jusqu’au plus profond de moi-même. De retour dans mon foyer, mes méditations himalayennes esseulées ne semblaient pouvoir m’être d’aucun secours ici. J’entrais bel et bien en dépression bien que me le niant à moi-même. Au bout d’une dizaine de jours sous anxiolytiques -seule source à un semblant de sommeil possible- je prenais conscience combien cela ne résoudrait jamais mes sombres problématiques. Ils les masquaient trois ou quatre heures avant de les libérer d’une manière qui me semblait encore plus féroce. J’avais ce sentiment de tomber au fond d’un précipice noir qui demeurait sans fin. Cela en devenait presque palpable comme de sentir mon corps plonger dans une abîme infinie. Les petites pilules se trouvaient précieusement remisées dans ma table de nuit et semblaient, dans les moments les plus intenses de ma déchéance, me hurler de les ingurgiter sans plus attendre. De courage et de témérité, il ne me fallut point en manquer au cœur de ces nuits intensément désespérantes !
Déjà bien avancé sur des chemins de spiritualité, guidé par le Christ et le Bouddha, me fut finalement offert ce mantra qui allait sauver ma vie : «Rien n’existe vraiment. Tout n’est que constructions mentales…». Je me mettais alors à faire tourner mentalement cette ritournelle, même à haute voix parfois, et ce des milliers de fois dans le fond de mon lit. Seul mon total épuisement terminait de m’emporter vers un relatif sommeil. Ce n’était assurément pas que des mots mais une limpide vérité qui me propulsait vers un détachement de soi et surtout du mental-ego se présentant toujours comme le seul propriétaire de mon intériorité… J’amorçais là un déconditionnement radical de toutes mes croyances qui me vaudrait, certes bien tardivement, tant et tant de flots de larmes sur mes joues demeurées sèches de dureté durant des années ! On pourrait encore en noircir des pages afin de décrire le processus de remontée vers la surface. Des paliers de décompressions obligatoires sous peine d’y laisser sa peau aux fulgurantes accélérations de remontée parfois subitement suivies de puissants coups d’arrêts. Rien ne m’était épargné… En fait, je finissais d’expérimenter que c’était moi seul qui ne m’épargnais rien dans ce monde d’intériorité auto-créé. Car, c’est cela toute la puissance de notre pouvoir d’incarnation ! Mes états anxiogènes ne subsistaient qu’en mon sein et nullement à l’extérieur. Certes, la séparation radicale de mes enfants existait vraiment, tout autant que l’annonce du cancer de ma mère ou encore mes difficultés professionnelles. Pour autant, ce que l’ensemble de ces événements produisait sur moi n’appartenait tout justement à personne d’autre qu’à mon intériorité mentale dans sa rumination perpétuelle.
Se chuchotait alors à mon esprit ce proverbe tout droit venu de l’Himalaya dont je redescendais à peine : «Si le problème a une solution, il ne sert à rien de s’inquiéter. Mais s’il n’en a pas, alors s’inquiéter ne change rien». Les enseignements qu’il m’avait divulgué prenait tout leur sens et toute leur valeur.
Et après?
J’aurais encore à en arpenter des sentiers solitaires mais seulement intérieurs ceux-là avant de devenir l’écrivain que je suis devenu aujourd’hui. En vous proposant mes ressentis et mes découvertes chaque mois depuis le tout début de l’aventure «Présences magazine», rien ne compte plus, désormais, que de partager mon chemin ascendant en tentant d’éclairer celui des Autres… Un leitmotive s’était lentement dessiné que celui de remettre l’Humain au cœur de toutes nos démarches quotidiennes ! Je continue chaque jour d’assimiler combien il est essentiel de prendre soin individuellement et collectivement des êtres lumineux que nous sommes TOUS. Depuis cette fameuse «traversée de la nuit noire de l’âme» et comme sur des chemins de traverse, je ressens que le temps est venu pour chacun d’entre nous de laisser refleurir ses rêves et ses envies de bonheur simple.
Que l’ensemble des êtres vivants puissent trouver la paix et l’Éveil en tous temps et en tous lieux.
Le saut quantique
Adélaïde :
J’ai moi aussi connu ce fond du trou où il nous semble impossible de sortir tellement la déchirure fait mal et vient mettre à vif nos plus profondes blessures.
Au départ du père de ma fille, c’est tout mon univers qui s’est écroulé avec cette candeur d’avoir cru être aimée d’un amour inconditionnel indestructible.
Le réveil était aussi brutal qu’inattendu pour moi.
En sortant de cet état de chagrin, en parvenant à me pardonner et à pardonner à la personne qui m’avait fait si mal, j’en suis sortie métamorphosée. Ce n’était pas une transformation conséquente à une action mais bien un saut quantique rendant obsolètes toutes mes réactions passées et même une partie de ma personnalité.
Un jour que nous marchions dans la rue mon fils me dit:
«Tu souris tout le temps maman, même sans raison, tu vois bien les gens dans la rue tirent tous la gueule, toi tu as toujours le sourire aux lèvres».
Je n’ai alors su quoi lui répondre, simplement que j’étais en paix et heureuse naturellement.
Je n’y ai pas pensé sur le coup, mais j’aurais dû lui dire combien de fois j’ai pleuré intensément, laissant mes larmes nettoyer chaque parcelle de mon âme embrumée, et qu’à présent, oui, elle pouvait briller.
L’important ce n’est pas le but mais le moyen
Après des mois et des mois de colère, de tristesse, d’incompréhension, de désarroi, de solitude… j’avais su rentrer en résilience et voir la Lumière.
Cette expérience, comme pour Yan, fut un électrochoc qui m’a permis de voir bien au-delà de ce monde de matière et de toucher à la dimension spirituelle de la vie. Mon corps s’en trouvait totalement chamboulé, capable à présent de ressentir véritablement la vibration de l’Amour et la paix intérieure.
Ce choc n’était donc pas la fin de mon monde, mais bien le prélude à un nouveau monde complètement différent de celui que j’avais vécu jusque-là. Bien sûr au moment de cette traversée, je n’avais absolument pas compris le cadeau que cette «épreuve» venait m’apporter.
La nuit noire de l’âme, pour moi, c’est ce moment où on perd tous ses repères. Où les solutions manquent. Où on n’a simplement plus d’autre alternative que de lâcher prise, d’accepter ou de sombrer.
Au cœur de ce silence profond, qui se fait dans ces moments-là, il est alors possible d’écouter son cœur, d’entendre sa petite voix, de suivre son intuition.
«Ne mérites-tu pas mieux ?» me susurrait-elle.
Prise de conscience soudaine: oui, je méritais mieux ! Non, je n’allais pas rester à me morfondre pour un homme qui n’avait pas su me considérer. Oui, j’allais répondre à l’appel de mon âme.
Je ne souhaitais pas une seconde de plus endosser ce costume de victime qui me limitait, me tenait clouée au sol quand tout mon être m’enjoignait de m’envoler et de déployer mes ailes.
Cette décision fut le premier pas qui m’aida à sortir de ma «nuit noire». Il y en a eu beaucoup d’autres ensuite à initier et il en reste évidemment encore pour retrouver l’éclat intense et initial de mon âme.
Seulement, quand parfois il m’arrive encore de visiter mes ténèbres, à présent je ne m’identifie plus à cet ego qui a mal. Je reste spectatrice et regarde du haut de ma conscience du moment ce que cela m’apprend de tout ce qu’il me reste à lâcher, guérir, épurer…
La souffrance est-elle nécessaire à toute transcendance ? La question reste posée.
Si vous souhaitez y apporter votre réponse, n'hésitez pas à laisser votre commentaire, nous envoyer un mail ou venir nous voir sur les marchés de centre Bretagne pour échanger sur ce sujet de la nuit noire de l’âme.
À la joie de vous retrouver...
Adélaïde et Yan.
https://www.le-couple-alchimique.com/
#Nuit noire de l'âme #dépression #burnout
Bonjour Tout le monde,
RépondreSupprimerDe mon point de vu je dirai que la souffrance est le reflet des peurs et blessures engendrés depuis notre existence pour notre évolution vers l'Amour de soi et de l'autre (des autres : enfants,amis, famille, connaissances et ceux et celles qu'on ne connait pas). Cette souffrance c'est aussi les schémas répétitifs, qui peuvent amener certains et certaines d'entre nous à prendre conscience de ce qu'on veut et ne veut plus, c'est notre évolution. Et pour ma part j'en ai pris conscience il y a 3ans après cette rencontre formidable : oui et non, ça dépend où l'on se trouve dans le parcours (parce que la nuit noire de l'âme c'est perturbant, ça bouscule). Bref! en tout cas cette rencontre a éveillé ou réveillé en moi, comme chez l'autre ce qui devait être pansé. Et pour cela je me suis tournée vers des personnes qui ont la capacité, la mission d'aider les personnes vivant ces expériences. La souffrance c'est également nous amener à nos valeurs profondes, ce qui nous parle au plusprofond de nous même (que ce soit le travail, la vie en société, la vie quotidienne), en fait elle est là pour nous bousculer et d'arrêter le schéma faites ce que je dis, pas ce que je fais. C'est encore une fois prendre conscience qu'on a des réglages à faire.....
Merci à vous
Merci à toi Mag pour ton point de vue et ta lecture, ravis de te retrouver par ici ;) Bien à toi!
RépondreSupprimerBonjour.
RépondreSupprimerdéjà merci bcp pour cet article qui resonne pour moi au pire bon moment...
je me questionne et m'inquiète quant à la manière de pouvoir vivre et sortir de cette nuit noire.
de mon point de vue, une fois dans la nuit noire, il y a déjà de la douleur, de la fatigue, tant psychique, émotionnelle, nerveuse, corporelle. et le travail d'en sortir, demande de l'energie et de la force pour se remettre en question, changer ses habitudes, lacher le mental l'ego, accepter les prises de conscience, parfois bien douloureuses.
Pour ma part, en ayant enfant travail et santé à préserver, à assurer, assumer, et avec la fatigue et fragilité importante, je sais (pense..?) devoir etre precautionneuse pour ne pas chuter. et evidemment que j'ai envie de changement réel.
mais peut on vivre cette nuit noire et en sortir, en prenant des "précautions", en ayant l'assurance que ce qui doit être préservé le sera (de manière pragmatique: santé, vie de famille, emploi) ?
dans ma perturbation actuelle, j'ignore si je suis très claire...
dans tout les cas, merci pour votre retour éventuel et dans tout les cas pour votre partage et ainsi votre aide sur le chemin!
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour votre message emprunt d'autant de sincérité que de courage. Sortir de "la nuit noire de l'âme" n'est pas chose aisée et demande, en effet, du courage et surtout de l'introspection. Cela fut une période bien difficile de ma vie et surtout emplie de souffrances. Elle me paraissait inextricable et surtout totalement destructrice! Avec un recul suffisant, au jour d'aujourd'hui, j'y vois la fantastique opportunité de l'éveil de conscience et de progression spirituelle qu'elle ma donné. Pour cela, il m'a fallu faire preuve d'une remise à zéro de beaucoup de mes croyances et certitudes mais aussi d'être pleinement sincère avec moi-même quant à ce qui me faisait souffrir intérieurement depuis trop longtemps. D'identifier mes propres schémas souffrants et de décider de me les pardonner pour pouvoir mieux les éradiquer aussi. Cette période peut être vue telle une épreuve ou tel un enseignement et cela, c'est juste chacun qui en décide... C'est ainsi que je l'ai finalement transcendée en la voyant tel un enseignement et une opportunité à accueillir et recevoir le meilleur de moi-même et des autres. Offrez-vous donc le meilleur de vous-même.... Vous le méritez forcément. Yan.