jeudi 14 janvier 2016

Everest par Baltasar Kormakur.

Chomolungma
Après avoir été moi-même en chatouiller les pieds, il fallait bien voir à quoi ressemblait ce long métrage consacré à la funeste ascension du 10 mai 1996 sur l’Everest. (Chomolungma de son vrai nom soit : «La déesse mère des vents».

Tout d’abord, énormément de souvenirs au fil des images de la première partie de ce film. 
On y découvre des candidats sur-motivés et emplis d’ego d’un côté et la récolte d’une manne financière pour ceux qui proposent cette aventure de l’autre. D’un point de vue strictement pratique, et surtout réaliste, le film passe allégrement sur les plus de 10 jours d’efforts intenses nécessaires à la jonction du camp de base de l’Everest
Pas question de jeter la pierre au réalisateur sur ce point car dans les critiques on peut déjà lire des remarques sur la longueur de la première heure du film. S’il s’était attardé sur toutes les affres dont on peut souffrir à rejoindre les 5360 mètres du camp de base, le film aurait fait plus de trois heures!  
Néanmoins, sont presque passés sous silence les dangers d’une telle ascension et l’ensemble des précautions à prendre avant d’entreprendre un tel périple. Pour l’ultra majorité des candidats à cette aventure, on commence à vraiment ressentir des difficultés dès l’arrivée à Namché et ses quelque 3400 mètres d’altitude
On y souffre d’ores et déjà de maux de tête, de nausées et d’insomnies. Il faut y faire escale au strict minimum une journée afin de s’acclimater. Probablement que pour des gens aussi expérimentés comme Rob Hall et Scott Fisher cela était plus aisé mais néanmoins ce ne peut pas être une simple et négligeable formalité
Lorsque l’on arrive au camp de base, c’est au prix d’énormes efforts et après avoir souffert de tous les symptômes du mal des montagnes
Pour cela, le film donne le sentiment que rejoindre ce point situé à 5360 mètres est «facile». 
Croyez-moi, c’est tout sauf aisé et je parle en connaissance de cause. Quand on cherche des anecdotes sur le tournage, on se rend d’ailleurs bien compte de cette réalité: 
«Plusieurs scènes ont donc été tournées en très haute altitude dont le maximum atteignait 4 870 mètres. Un grand changement pour les comédiens qui ont donc pu constater à quel point la montagne est un endroit dangereux à cette hauteur
"L’eau était gelée et on n’avait pas de chauffage dans nos hébergements. On dormait dans des couvertures chauffantes. On pouvait à peine se lever du lit pour aller pisser tellement il faisait froid", témoigne le cinéaste.» 

Népalsolo


Pour ma part, je fis ce périple seul sans guide et sans porteur avec mes 15 kilos sur le dos et ce quotidiennement. Je n’avais pas de couvertures chauffantes la nuit et confirme bien qu’aller aux toilettes en pleine nuit était une épreuve. 
L’équipe et les acteurs ont donc suivi une préparation physique de plusieurs semaines avant de se lancer vers les sommets et cette hauteur de 4870 mètres atteinte. Deux des acteurs précisent même ceci: «On a fait un test à 9.000 mètres de hauteur pendant dix minutes dans un caisson et Josh et moi avons décidé de rester plus longtemps. On était en train de plaisanter sur le fait que ce n’était finalement pas si terrible, quand tout à coup on en est sorti et on a immédiatement eu la nausée. Au cours des dix minutes qui ont suivi, on est passé d’un état assez joyeux à une profonde tristesse: cela nous a fait comprendre les effets puissants de l’altitude sur l’esprit", avait lâché Jake Gyllenhaal, l'interprète du guide Scott Fischer
En effet! et lorsque vous vivez quotidiennement au-dessus des 3000 mètres vous avez le "plaisir" de découvrir ce que cela veut dire. Le film a par conséquent été tourné dans les alpes italiennes et en studio, permettant ainsi de reconstituer ainsi toute la partie finale de l’ascension
Un grand bravo pour le réalisme des scènes qui donnent l’impression d’y être! 
Par contre, il aurait été vraiment bien de profiter d’un tel film pour rendre bien plus hommage aux sherpas sans qui quasiment aucune expédition sur l’Everest n’aurait été possible. 
A ma connaissance, seul Hristo Prodanov a accompli l’incroyable prouesse de rejoindre l’Everest en solitaire et sans oxygène jusqu’au péril de sa vie le 21 avril 1984. (D'autres l'ont réalisé depuis)
Le Népal en solitaire

En attendant, ce sont bien les sherpas qui remontent tout depuis Lukla: tentes, masques et bouteilles à oxygène mais aussi la nourriture, les sacs…. Ils prennent des risques hallucinants pour installer les échelles sur la chute de glace se trouvant au-dessus du camp de base au milieu de crevasses grandes comme des entrées de tunnel d’autoroute! Je les ai vu de mes propres yeux et ne vous parle même pas des bruits de craquement venus de l’au-delà sitôt que le soleil dardait ses rayons sur ces précipices de glaces
Il faut avant tout rendre hommage à ces gens fantastiques dont beaucoup meurent à se mettre au service de rêves egotiques d’occidentaux en mal de reconnaissance. Ces lieux ont avant tout quelque chose d’absolument unique et magique. 
Pour ma part, je me suis rendu jusque-là dans l’optique absolument inverse de ces candidats au toit du monde
Je partais à la recherche du moi profond, du Soi avec un grand S et pour couper l’herbe sous les pieds de mon petit ego rabougris
L’enseignement que j’y ai reçu fut incroyablement beau et continue de nourrir ma vie au jour le jour. Ces lieux sont empreints d’une folle et démesurée spiritualité. C’est bien cela qu’il faudrait aller y découvrir ou chercher en tout premier lieu et avant toute autre chose! Après, pour ce qui est de la dernière partie du film consacrée à lascension finale, je suis dans l’inconnu de ces réalités mais peux parfaitement les comprendre. Ils ont vécu là de façon éminemment décuplée tout ce que j’y ai aussi rencontré. J’ai pu frôler moi-même cette folie qui peut s’emparer de vous où vos sens et vos jugements sont totalement détruits par la démesure des lieux. On peut en arriver à avoir des comportements et des raisonnements totalement irrationnels qui d’ailleurs expliquent (peut-être) en partie la singularité et «l’étrangeté» du bouddhisme tibétain de ce très haut Himalaya
J’ai adoré ce périple en solitaire et ce qu’il m’a livré sur mon existence et sur la vie en général. C’est pourquoi j’en ai fait le récit dans mon livre «Népalsolo. L'ego cache toujours une montagne de pureté» et que je consacre une part de plus en plus importante de ma vie à le faire découvrir et partager aux autres. 
Portez-vous bien en tous lieux et en tous temps,
Yan SERRE.

Sachez que j'ai décidé d'abandonner mon travail salarié depuis 2013 afin de vivre de ma seule écriture tout en ayant choisi de rester libre et indépendant des grandes maisons d'éditions et des multinationales

Je vous propose donc de découvrir mes ouvrages, tous autobiographiques, en me contactant directement.

En effet, tout comme la télévision aurait pu être le plus fantastique outil à l'évolution et au partage entre humains, internet a aussi basculé dans le contrôle, le pouvoir du dieu argent et même la surveillance de masse. Ainsi, nous avons fait le choix délibéré de remettre l'Humain au cœur de tout et de privilégier les échanges directs, sincères et chaleureux... sans site internet!

Mille mercis pour vos soutiens et partages.

Fraternellement,

Yan.
     
     
  • Yan SERRE
      #Everest #Trek #Népal #inoxtag


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