Après
avoir été moi-même en chatouiller les pieds, il fallait bien voir
à quoi ressemblait ce long métrage consacré à la funeste
ascension du 10 mai 1996 sur l’Everest. (Chomolungma de son vrai
nom soit : «La déesse mère des vents».
Tout d’abord,
énormément de souvenirs au fil des images de la première partie de
ce film.
On y découvre des candidats sur-motivés et emplis
d’ego d’un côté et la récolte d’une manne financière pour
ceux qui proposent cette aventure de l’autre. D’un point de vue
strictement pratique, et surtout réaliste, le film passe allégrement
sur les plus de 10 jours d’efforts intenses nécessaires à la
jonction du camp de base de l’Everest.
Pas question de jeter la
pierre au réalisateur sur ce point car dans les critiques on peut
déjà lire des remarques sur la longueur de la première heure du
film. S’il s’était attardé sur toutes les affres dont on peut
souffrir à rejoindre les 5360 mètres du camp de base, le film
aurait fait plus de trois heures!
Néanmoins, sont
presque passés sous silence les dangers d’une telle ascension et
l’ensemble des précautions à prendre avant d’entreprendre un
tel périple. Pour l’ultra majorité des candidats à cette
aventure, on commence à vraiment ressentir des difficultés dès
l’arrivée à Namché et ses quelque 3400 mètres d’altitude.
On
y souffre d’ores et déjà de maux de tête, de nausées et
d’insomnies. Il faut y faire escale au strict minimum une journée
afin de s’acclimater. Probablement que pour des gens aussi
expérimentés comme Rob Hall et Scott Fisher cela était plus aisé
mais néanmoins ce ne peut pas être une simple et négligeable
formalité.
Lorsque l’on arrive au camp de base, c’est au prix
d’énormes efforts et après avoir souffert de tous les symptômes
du mal des montagnes.
Pour cela, le film donne le sentiment que
rejoindre ce point situé à 5360 mètres est «facile».
Croyez-moi, c’est tout sauf aisé et je parle en connaissance de
cause. Quand on cherche des anecdotes sur le tournage, on se rend
d’ailleurs bien compte de cette réalité:
«Plusieurs scènes
ont donc été tournées en très haute altitude dont le maximum
atteignait 4 870 mètres. Un grand changement pour les comédiens qui
ont donc pu constater à quel point la montagne est un endroit
dangereux à cette hauteur:
"L’eau était gelée et on
n’avait pas de chauffage dans nos hébergements. On dormait dans
des couvertures chauffantes. On pouvait à peine se lever du lit pour
aller pisser tellement il faisait froid", témoigne le cinéaste.»
Pour ma part, je fis ce périple seul sans guide et sans porteur avec
mes 15 kilos sur le dos et ce quotidiennement. Je n’avais pas de
couvertures chauffantes la nuit et confirme bien qu’aller aux
toilettes en pleine nuit était une épreuve.
L’équipe et les
acteurs ont donc suivi une préparation physique de plusieurs
semaines avant de se lancer vers les sommets et cette hauteur de 4870
mètres atteinte. Deux des acteurs précisent même ceci: «On
a fait un test à 9.000 mètres de hauteur pendant dix minutes dans
un caisson et Josh et moi avons décidé de rester plus longtemps. On
était en train de plaisanter sur le fait que ce n’était
finalement pas si terrible, quand tout à coup on en est sorti et on
a immédiatement eu la nausée. Au cours des dix minutes qui ont
suivi, on est passé d’un état assez joyeux à une profonde
tristesse: cela nous a fait comprendre les effets puissants de
l’altitude sur l’esprit", avait lâché Jake Gyllenhaal,
l'interprète du guide Scott Fischer.
En effet! et lorsque vous
vivez quotidiennement au-dessus des 3000 mètres vous avez le
"plaisir" de découvrir ce que cela veut dire. Le film a
par conséquent été tourné dans les alpes italiennes et en studio,
permettant ainsi de reconstituer ainsi toute la partie finale de
l’ascension.
Un grand bravo pour le réalisme des scènes qui
donnent l’impression d’y être!
Par contre, il aurait été
vraiment bien de profiter d’un tel film pour rendre bien plus hommage
aux sherpas sans qui quasiment aucune expédition sur l’Everest
n’aurait été possible.
A ma connaissance, seul Hristo Prodanov a
accompli l’incroyable prouesse de rejoindre l’Everest en
solitaire et sans oxygène jusqu’au péril de sa vie le 21 avril
1984. (D'autres l'ont réalisé depuis)
En
attendant, ce sont bien les sherpas qui remontent tout depuis Lukla:
tentes, masques et bouteilles à oxygène mais aussi la nourriture,
les sacs…. Ils prennent des risques hallucinants pour installer
les échelles sur la chute de glace se trouvant au-dessus du camp de
base au milieu de crevasses grandes comme des entrées de tunnel
d’autoroute! Je les ai vu de mes propres yeux et ne vous parle
même pas des bruits de craquement venus de l’au-delà sitôt que
le soleil dardait ses rayons sur ces précipices de glaces. Il faut
avant tout rendre hommage à ces gens fantastiques dont beaucoup
meurent à se mettre au service de rêves egotiques d’occidentaux
en mal de reconnaissance. Ces lieux ont avant tout quelque chose
d’absolument unique et magique.
Pour ma part, je me suis rendu
jusque-là dans l’optique absolument inverse de ces candidats au
toit du monde.
Je partais à la recherche du moi profond, du Soi avec
un grand S et pour couper l’herbe sous les pieds de mon petit ego
rabougris!
L’enseignement que j’y ai reçu fut incroyablement
beau et continue de nourrir ma vie au jour le jour. Ces lieux sont
empreints d’une folle et démesurée spiritualité. C’est bien
cela qu’il faudrait aller y découvrir ou chercher en tout premier
lieu et avant toute autre chose! Après, pour ce qui est de la
dernière partie du film consacrée à l’ascension finale, je suis
dans l’inconnu de ces réalités mais peux parfaitement les
comprendre. Ils ont vécu là de façon éminemment décuplée tout
ce que j’y ai aussi rencontré. J’ai pu frôler moi-même cette
folie qui peut s’emparer de vous où vos sens et vos jugements sont
totalement détruits par la démesure des lieux. On peut en
arriver à avoir des comportements et des raisonnements totalement
irrationnels qui d’ailleurs expliquent (peut-être) en partie la
singularité et «l’étrangeté» du bouddhisme tibétain de ce
très haut Himalaya.
J’ai adoré ce périple en solitaire et
ce qu’il m’a livré sur mon existence et sur la vie en général.
C’est pourquoi j’en ai fait le récit dans mon livre «Népalsolo. L'ego cache toujours une montagne de pureté» et que je consacre une part de plus en plus importante de ma vie à
le faire découvrir et partager aux autres.
Portez-vous
bien en tous lieux et en tous temps,
Yan
SERRE.
Sachez que j'ai décidé d'abandonner mon travail salarié depuis 2013 afin de vivre de ma seule écriture tout en ayant
choisi de rester libre et indépendant des grandes maisons d'éditions et
des multinationales.
Je vous propose donc de découvrir mes ouvrages, tous
autobiographiques, en me contactant directement.
En effet, tout comme la télévision aurait pu être le plus fantastique outil à l'évolution et au partage entre humains, internet a aussi basculé dans le contrôle, le pouvoir du dieu argent et même la surveillance de masse.
Ainsi, nous avons fait le choix délibéré de remettre l'Humain au cœur
de tout et de privilégier les échanges directs, sincères et
chaleureux... sans site internet!
Mille mercis pour vos soutiens et partages.
Fraternellement,
Yan.
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